Parole d’expert : Christophe Martin, Com par l’image

Mobilisant 28 années d’expérience en rhétorique de l’image, création graphique et conception multimédia, Com par l’image propose une vision experte du métier, principalement dans les secteurs de la science, du médical ou encore de l’architecture.

En 3 décennies, votre métier a sans doute beaucoup changé.
Quelles évolutions majeures avez-vous constatées ?
Au départ, dans les années 1980, nous croyions tous que l’informatisation des arts graphiques allait révolutionner le métier et décupler nos capacités. Tout cela est arrivé. La seule chose que nous n’avions pas prévu est la paupérisation du métier de graphiste devenu infographiste. Dans les années 1990, il y a eu le multimédia et la production en masse des CD-ROMs, il fallut apprendre des langages de script comme Lingo pour animer et créer des interactions à l’écran. La 3D faisait aussi son apparition (en couleur) elle était déjà bien présente depuis plus de dix ans dans les cabinets d’architectures avec sorties sur traceurs. Ceux que nous appelions les perspecteurs se sont donc, eux aussi informatisés pour rester au service des architectes. A la fin des années 90, l’émergence d’Internet a provoqué la reconversion de bien des graphistes qui y ont vu une belle opportunité pour se diversifier et se refaire une réputation. Le web a sonné le glas des CD-ROMs et des logiciels phares comme Director (racheté par adobe). Début 2000, l’offre des logiciels 3D permit de véritables avancées dans l’illustration avec un gain de productivité et de qualité important. Certains (ce fut mon cas) s’y sont spécialisés abandonnant petit à petit les autres domaines graphiques où la concurrence se révélait de plus en plus débridée, accompagnée en toute logique d’une spectaculaire chute des prix pratiqués. C’est ainsi que je me suis spécialisé dans la production d’illustrations, d’animations documentaires et scientifiques. Aujourd’hui, la suite logique de l’animation 3D est la réalité virtuelle, les débouchés sont très importants et demandent tout autant le savoir-faire de l’illustrateur, de l’animateur 3D et du programmeur.
J’ai la chance de pratiquer les 3 depuis bientôt 3 décennies.

Quelles sont, selon vous, les contraintes spécifiques de secteurs comme la science ou le médical en terme d’imagerie 3D ?
Pas de contraintes. Juste du sérieux scientifique. Même si tout n’est pas rigide ou figé, il ne faut pas faire dans le fantaisiste. Mais cela me convient parfaitement. L’aspect pédagogique des images est très importante. Je dis souvent à mes clients : « ne me racontez rien qui ne puisse être produit en pâte à modeler ». C’est un bon point de départ. Illustrer, animer n’est rien d’autre que raconter une histoire concrète avec des images.

Et si on se projetait dans le futur ? Selon vous, comment travailleront les graphistes 3D en 2050 ?
Les graphistes 3D auront des interfaces de modélisation impliquant plus le geste. L’intelligence artificielle viendra certainement aussi y mettre son grain de sel. Tant que la technologie ne diminue pas nos capacités, elle est toujours bonne et excitante pour l’imagination. Il faut juste faire attention à ne pas devenir dépendant. Savoir dessiner, c’est le vocabulaire de base du graphiste. Avec ce vocabulaire, on arrive toujours à positionner son savoir faire, quelles que soient les technologies… voire même, sans technologie.