Parole d’expert : Pierre Fenaillon, architecte et infographiste

Passionné et impliqué, Pierre Fenaillon a travaillé pendant 14 ans comme architecte spécialisé dans les concours de marchés publics, de la conception du projet à la création des pièces graphiques. A la livraison de son dernier bâtiment, l’Ephad la Marie associé aux Architectes Poissonnier / Ferran, le graphisme a pris une place essentielle dans son activité et IDbonus est né. Fort de ces deux compétences, il accompagne les architectes dans le processus de création, avec l’objectif de communiquer au mieux le projet.

Les architectes font souvent appel à des infographistes pour leurs images mais vous avez choisi de développer cette compétence vous-même. Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’ajouter cette corde à votre arc ?

En sortant de l’école, je me suis rapidement spécialisé dans les concours. A l’époque, les marchés publics représentaient une grosse partie de la production du cabinet 3A dans lequel je travaillais. Une formation de 8 mois chez Xavier Depaule me donne la maîtrise de la totalité du process et les outils pour m’exprimer graphiquement, chose que j’ai toujours fait par le dessin plus traditionnel. Le rendu est dans la continuité du projet, il communique le parti, met l’accent sur les points importants, démontre.

Vous avez une grande expérience des marchés publics. Selon vous, existe-t-il des contraintes spécifiques à ces marchés en terme de visualisation ?

Comme toutes les images produites, il y a des enjeux, des stratégies, de la pédagogie, etc. Les marchés publics n’échappent pas à la règle. L’image est toujours l’interprétation d’une réalité, d’un « discours orienté ». Comme elle doit séduire le plus grand nombre, des gens n’étant pas forcément du métier, l’image se montre accessible, claire, démonstrative. Les enjeux sont toujours de taille, en amont il y a souvent un à deux mois de travail selon le programme et des honoraires conséquents pour l’agence en lice qui remportera le trophée. L’image est forcément associée à la victoire lorsque c’est le cas, elle porte tous les espoirs de l’agence.

Les outils et technologies pour concevoir et même construire les bâtiments ont beaucoup évolué ces dernières années. Mais le fait de visualiser un projet en AR u VR ou même de fabriquer une maison en 3D change-t-il le métier de l’architecte en lui-même ?

La maquette 3D remplace (pas toujours) la maquette carton, c’est un super outil d’exploration des pistes avant d’être un outil de démonstration. Dans la phase de conception, c’est juste devenu indispensable à ma démarche (il m’arrive encore de concevoir). Selon le type d’écriture (néo-moderne, Post-moderne, Néo-classique, etc.), cet outil ne change pas forcément la phase de conception, la démarche est la même, le carton ou roofmate est remplacé par la 3D, plus rapide mais moins « sensuelle », au moment des recherches du parti, en complément du croquis.
Pour d’autres, la 3D est incontournable, l’aspect ultra-technique de la structure, des formes impose l’outil 3D, malgré un passage, souvent obligé, par le croquis et même la sculpture (je pense à Frank Gehry). L’outil 3D est même à mon sens générateur d’écriture architecturale, de formes impensables il y a quelques décennies.

Projet A – Poissonnier/Ferran Architectes

Projet T –Agence MAP

Projet “La sncm” – Projet Poissonnier/Ferran – Croquis A. Ferran.